Odyssée Jeunes : « C’est comme si on avait ramené la Guadeloupe à Clichy ! »

Comment faire remonter immédiatement à la surface les souvenirs d’une Odyssée Jeunes aux Antilles ? Simplement en se plongeant dans son carnet de voyages… Celui de Dalila, élève de cinquième du collège Louise-Michel à Clichy-sous-Bois, est orné d’un autocollant de la « Surf Rider Foundation » qui provoque un grand sourire de la jeune collégienne se remémorant presque instantanément le « super moment passé à apprendre à surfer… »  

C’était en décembre 2024 et ce jour-là, 24 autres éco-délégués du collège s’étaient aussi activement employés à ramasser des déchets sur une plage guadeloupéenne, tout en étant sensibilisé au sort des tortues marines subissant des pollutions humaines de toutes sortes.  

Un des facettes d’un projet d’Odyssée Jeunes –lire notre encadré- ciblé autour de l’éducation au développement durable qui a également été l’occasion d’échanges réguliers, puis de rencontres avec d’autres éco-délégués d’un collège de la commune de Le Moule en Guadeloupe. « Pour les élèves, c’était une occasion unique et surtout très concrète de travailler sur le thème du développement durable et de la protection de l’environnement. Et puis, bien sûr, ce voyage leur a permis de découvrir des paysages incroyables. Je revois encore mes élèves avec des « étoiles » dans les yeux à certains moments », rembobine Marine Martin de Frémont, professeure de SVT à Louise-Michel et coordinatrice de l’Odyssée Jeunes.  

Des souvenirs mis à l’affiche…  

Des moments qu’ils vont désormais revivre jusqu’à la fin de l’année scolaire en organisant au mois de juin dans l’enceinte du collège Louise-Michel une grande exposition retraçant leur travail pédagogique mais aussi leurs pérégrinations antillaises.  

Sans perdre de temps et pour garder la mémoire fraîche, ce mardi de février est donc consacré à la réalisation d’une huitaine d’affiches qui retraceront, jour après jour, l’Odyssée des collégiens de Seine-Saint-Denis. En duo Alexandros, élève de sixième et Dalila s’essaient donc à dessiner leur découverte commune du volcan de la Grande Soufrière. De quoi encore enclencher la fabrique à souvenirs : « Au sommet de la Soufrière, il y avait beaucoup de vent, il fallait s’accrocher », raconte Alexandros comme s’il y était… Plus loin, Rayane, élève de quatrième, semble voguer sur la rivière d’Audouin alors qu’il ravive tout en couleur(s) sa descente en kayak sur un cours d’eau d’une dizaine de kilomètres qui se jette dans la mer des Caraïbes au cœur de la commune de Le Moule 

Un art du récit peaufiné par Antoine Darmon, professeur de français au sein du collège Louise-Michel : « Le voyage rend tout de suite plus concret le travail d’écriture que je leur demande. Leur ascension de la Soufrière, leur découverte des paysages de la Guadeloupe m’ont permis de travailler sur le vocabulaire des émotions, du ressenti. Et puis, au-delà de cet aspect, le fait de travailler en groupe sur un sujet partagé permet aux élèves de confronter leurs opinions, de les opposer, d’exprimer aussi un peu plus leurs goûts personnels. En revenant des Antilles, j’ai d’ailleurs retrouvé des collégiens transformés, avec une plus grande capacité à s’affirmer, à débattre entre eux avec des arguments solides. » 

Susciter des vocations 

La preuve avec Nicanor, un autre élève de cinquième également éco-délégué : « C’était un super voyage parce qu’en dehors de la Moldavie, le pays de mes parents, je n’étais jamais allé aussi loin, explique d’abord le collégien au visage sage. Qui poursuit : « Et puis, ce voyage m’a donné envie de partager ce que j’ai découvert, de faire des présentations aux autres élèves, parce que c’est aussi notre rôle d’éco-délégués d’expliquer et de montrer des choses autour de la préservation de la nature. » 

Autant de visites qui nourrissent et soutiennent également les programmes pédagogiques de l’année avec la découverte de la centrale géothermique de Bouillante ou du Jardin botanique de Valombreuse. Un « jardin d’Eden » qui a retenu toute l’attention d’Assa et peut-être titillé sa future vocation. A 13 ans, la collégienne de quatrième s’imagine déjà dans la blouse d’une pharmacienne : « Ce jardin, avec toutes ces espèces de fleurs, c’était magnifique, encore plus parce que je suis très attiré par tout ce qui est lié à la biodiversité et au pouvoir des plantes. C’est pour ça que je trouve aussi très intéressant de continuer le voyage en préparant l’exposition de fin d’année. Ça nous motive encore un peu plus pour participer à défendre notre planète. Et puis, c’est comme si on avait ramené la Guadeloupe à Clichy ! » 

Frédéric Haxo 

Crédit photo : Franck Rondot